vendredi 21 août 2009

B3. Sur les GHATS de VARANASI (II)



Sur les GHATS

de VARANASI (II)




Au fil des jours, mes contacts sur les ghats de Varanasi deviennent excellents.
Y revenir chaque jour devient un besoin.
Je n'y rencontre plus de Madame Moralisatrice...
Certains racoleurs me reconnaissent et me laissent tranquille.


Quand le soleil est encore jeune, voir les gens au bord de l'eau est magique.
Chacun a une bonne raison d'être là.
Deux ou trois garcons dorment encore dans leur barque.
Les vendeuses de fleurs et d'offrandes gagnent leur vie.


Certains rendent hommage au Gange, isolés dans leur prière.
Le corps en partie immergé dans l'eau, ils se plantent debout, êtres humains face aux Dieux.
Remplissant un récipient d'eau sacrée, ils offrent une libation au Gange,.
L'eau retourne à l'eau, en un jet bref et éternel.


Des fidèles s'aident dans l'accomplissement des rites.
Une femme passe à sa compagne des feuilles, une à une, que celle-ci pose sur sa tête. Elle se verse un peu d'eau par-dessus et le cycle recommence.
On se prête des crayons de maquillage.
On marque le front de sa voisine d'un bindu.


Beaucoup de gens lavent leur linge.
Ou se savonnent copieusement, se shampouinent, bondissent dans l'eau pour se rincer.
On discute avec animation, le plus souvent entre femmes.
On se raconte de bonnes histoires.


Pour me surprendre, une jeune fille bondit devant moi dans l'eau.
Sa joie à recommencer me plaît, comme son espièglerie. Nous sympathisons.
Je la photographie plusieurs fois en plein bond.
Cela déclenche la jalousie d'une fillette vendeuse de fleurs, qui tente d'empêcher la baigneuse de poursuivre ses cabrioles...


Sur la plateforme où je suis assis depuis une heure, quatre hommes s'installent.
Lentement, ils marquent de trois traits horizontaux leur front, leurs épaules, leur torse.
Ces adorateurs de Shiva égrennent un chapelet.
Yeux fermés, leurs lèvres remuent sur des paroles intérieures.
Par discrétion, je ne prends qu'une seule photo de deux d'entre eux.
Quand ils ont fini leurs prières, nous sympathisons.
Ils regardent volontiers quelques photos des gens environnants.


Un groupe de femmes arrive, avant leur départ.
Comme les hommes, elles tracent les trois traits blancs sur leur front, se préparent pour leurs prières envers Shiva.
J'hésite davantage, s'il est possible, à les photographier.


J'aime voir un homme faire sécher son longhi dans le vent.
Ou une femme faire flotter un sari bleu, orange ou jaune, comme une voile partant vers le grand large.

Hommage à la beauté éphémère des gestes.
J'y vois aussi une installation artistique éphémère, une captation poétique de l'espace.


Lionel Bonhouvrier.

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